Comme tout touriste se rendant au Laos depuis le Cambodge, notre premier arrêt était évident : Don Det et les 4000 îles.
Situées à quelques kilomètres du Cambodge, ces nombreuses îles (même si je doute qu’il y en ai vraiment 4000…) se trouvent sur le Mékong, côté Laos. Ce n’est donc pas la mer, mais on trouve de jolis paysages, quelques cascades et potentiellement des endroits de baignade.
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Don Det et les 4000 îles
Sur les quelques dizaines d’îles assez grandes sur le Mékong, seules trois sont en fait réellement habitées. La plus fréquemment choisie par les backpackers pour y résider est Don Det. Celle-ci relie Don Khone par un pont, où se trouvent cette fois plutôt les familles et les bungalows un peu plus classes.
Nous avons donc traversé le Mékong en barque avec la moto pour arriver sur Don Det. Les 4000 îles nous avaient été vantées par de nombreux voyageurs rencontrés, et les avis étaient tout aussi dithyrambiques sur internet. Peut-être à cause de ça, je m’attendais vraiment à autre chose…
Loin du havre de paix imaginé
Car sur les deux îles, les touristes sont partout. Absolument partout. Sur Don Khone on croise des mini-van remplis d’occidentaux âgés, tandis que sur Don Det il s’agit surtout de jeunes qui arpentent tous les bars du centre de l’île. Je savais que l’endroit était touristique en venant. Mais je m’attendais tout de même à pouvoir m’éloigner un peu de l’agitation et trouver des restaurants locaux, comme on le fait habituellement.
Sauf que Don Det est une île. Impossible donc de s’éloigner des lieux fréquentés. Les restaurants proposent tous des burgers, des pizzas, des pancakes et même des poutines. Moi qui étais curieuse de savoir à quoi le Laos ressemblait, j’ai eu l’impression d’être mise en quarantaine… Sans être désagréable comme le sud du Cambodge, on avait quand même la sensation d’être en dehors du pays. Heureusement, beaucoup de propriétaires de guesthouses sont tout de même Laotiens. Au moins ça fait marcher l’économie locale.
Le premier jour, nous avons fait une balade à pied de 14 km entre les deux îles. On s’est rendu aux points d’intérêts indiqués par Maps.me, mais on a été déçus à chaque fois. La seule vraie cascade était payante (et chère), les bouts de plages étaient en fait très pollués et on ne pouvait pas s’y baigner, et le chemin était assez commun à ce qu’on a pris l’habitude de voir depuis le début de notre road trip en Asie. Lieu touristique oblige, les locaux n’étaient pas non plus très aimables et cherchaient surtout à nous vendre leurs services. Don Det est loin de m’avoir fait bonne impression, et les choses ne sont pas allées en s’améliorant…
Tentative de canoë
Le lendemain, on décide donc de faire une journée d’excursion en canoë. Depuis notre road trip en Scandinavie, je rêve de refaire du canoë et d’explorer des rivières et des fleuves. Au Laos les prix étaient plus intéressants qu’ailleurs, alors on a voulu le tenter et essayer de nous réconcilier avec les 4000 îles. Nous décidons donc de nous offrir cette activité comme cadeau exceptionnel. Ben oui, on sort rarement 20 euros chacun comme ça !
Mais ce fut encore un échec.
Le jour où nous avions réservé, une averse tombe sur les îles. Impossible de sortir. L’excursion est alors repoussée au lendemain, ce qui nous oblige à étendre notre séjour sur Don Det. Nous passons la journée à écouter la pluie, pour la première fois depuis le début de notre voyage. On est coincés dans le restaurant de notre guesthouse, avec des prix assez élevés et aucune trace de nourriture Laotienne… On se sent prisonniers de l’île.
Côté positif, on assiste quand même à un joli coucher de soleil… mon moment préféré !
Décevante excursion…
Le lendemain, le temps est meilleur. On se rend donc au point de rendez-vous pour démarrer la journée. On apprend alors que nous sommes un groupe de 26 touristes. Ceux de la veille se sont additionnés à ceux du jour, et nous voilà suffisamment nombreux pour remplir un bus. Je suis dégoûtée. Moi qui espérais une balade rythmée par le bruit des pagaies sur le Mékong… Je sentais que la journée allait être longue.
Et elle a vraiment été TRÈS longue. Je me sentais au beau milieu d’une excursion du Club Med. Entre les mecs qui essayaient de draguer, les concours de pec’, les filles qui se baladaient à moitié à poil, les jeux pour renverser le canoë des voisins…
Et puis j’ai réalisé à quel point être seulement deux sur notre moto nous avait habitués à la liberté absolue. On fait ce que l’on veut quand on veut, sans se soucier des horaires. Mais quand il s’agit de bouger un groupe de près de 30 personnes, ce n’est pas la même chose. Attendre que tout le monde termine sa clope (J’ADORE respirer la fumée de cigarette quand je suis au pied d’une cascade, ça me semble VRAIMENT être le bon endroit… !), qu’ils se rhabillent, qu’ils mangent, qu’ils montent dans leur canoë, qu’ils pagaient… C’était la première fois que je m’ennuyais vraiment depuis notre départ de France. La journée n’en finissait pas.
Le programme de la journée
On a commencé par un peu de canoë. Même si le rendez-vous a été donné à 8h30, il doit être plus de dix heures quand on monte enfin dans les canots. Ça donne le ton. On attend d’ailleurs une demi-heure que chacun ai le sien, puis on commence à pagayer.
1er arrêt : une cascade locale
Une demi-heure plus tard, on arrive au premier arrêt. On marche pendant 30 minutes pour arriver à une cascade. C’est joli mais clairement pas exceptionnel. Et puis à 30 personnes, le lieu est tout de suite moins agréable…
On fait une pause de 30 minutes sur place, puis on rejoint les canots qui ont été amenés à quarante minutes de marche de là. Les guides nous préparent alors des sandwichs et du riz. Après une demi-heure de préparation et une demi-heure de repas, on remonte dans les canoës. Ça commence à faire long pour pas grand chose…
2ème arrêt : la recherche des dauphins
Cette fois on se rend sur le Mékong à la frontière Cambodgienne pour tenter d’apercevoir les trois derniers dauphins de l’Irrawaddy qui se trouvent dans cette région.
Moi je suis à l’affût, je suis le guide et son canoë consciencieusement. J’écoute ses directives : on arrête de pagayer et de parler pour ne pas les faire fuir. Mais derrière nous, les autres se poussent à l’eau et tombent dans de grand cris et éclats. Plus aucune chance de les voir dans le coin maintenant !… Je me console en repensant à ceux de Kratié, que j’ai aperçu de bien plus près ! Max et moi semons un peu le groupe pour profiter du calme du Mékong. On refera même un petit passage sur la terre ferme Cambodgienne pour donner notre reste de monnaie à une famille du coin. L’excursion a au moins servi à ça !
3ème arrêt : la cascade de Khone Phapheng
On continue à pagayer pendant une petite heure. J’avoue que je fatigue un peu et Max use plus ses bras que moi. Moi je profite du soleil et du bruit de l’eau…
De là, on attend à nouveau une demi-heure que le groupe nous rejoigne, puis on monte tous dans un bus. Une nouvelle demi-heure plus tard, nous voici à la cascade Khone Phapheng, la plus longue du monde. Enfin, des cascades « les plus » du monde, il y en a un sacré paquet un peu partout ! Les plus grandes, longues, larges, au plus grand volume d’eau… Mais bref, celle-là est supposément la plus longue, avec plus d’un kilomètre de distance.
Le prix d’entrée est inclus dans le tour, mais autrement c’est 5,5 euros. Et de fait, l’endroit est très touristique et entretenu. Des voiturettes transportent les voyageurs d’un point de vue à un autre. Max et moi devons insister pour parcourir les 150 mètres de trajet à pied. « Are you sure? ». Oui, ça va, on va gérer.
La cascade n’est honnêtement pas très impressionnante. Moi ce que j’aime dans les cascades en Asie du Sud-Est, c’est quand elles servent de lieu de vie aux habitants, comme à Koh Kong ou dans différents autres lieux au Laos. Ici c’est juste une grande cascade, pas très jolie et que j’observe de toute façon sous un ciel gris. Ce n’est certainement pas ça qui va sauver la journée !
Après avoir observé un moment les chutes d’eau, nous retournons au point de départ. Je suis crevée, il est 17h et j’ai seulement envie de rentrer et de prendre une douche. Mais bon, quand on est avec un groupe, il faut rester à chaque lieu le temps défini à l’avance. Nous voilà donc à poireauter à nouveau….
4ème arrêt : retour à Don Det
45 minutes plus tard, on finit par remonter dans le bus. On roule à nouveau une grosse demi-heure pour arriver sur le quai en face de Don Det. On reprend alors les canots et on traverse le Mékong pour rejoindre nos guesthouses en pagayant. La journée est finie, et je peux enfin noyer ma déception dans un coco shake (du lait de coco glacé et sucré. J’adore ça !).
Les 4000 îles, ce n’est juste pas mon truc
Si vous lisez ça depuis votre bureau parisien (ou n’importe quel autre endroit un peu déprimant), j’ai surement l’air bien blasée. Surtout si vous avez passé deux semaines au Laos et que vous gardez un très beau souvenir de Don Det et des environs. Mais je n’ai pas aimé les 4000 îles. C’est un fait.
L’obligation d’aimer ?
Ce n’est pas parce que l’on voyage et que l’on est au soleil à l’autre bout du monde que l’on a l’obligation d’aimer chaque endroit que l’on visite. Ça parait évident dit comme ça, mais en fait il existe un véritable tabou autour de la critique chez les voyageurs. Je ne compte plus ces discussions avec des backpackers qui, quand je leur demande ce qu’ils ont pensé de tel ou tel pays me répondent : it was amaaazing! Sans explication ni nuance. Et j’ai, de mon côté, beaucoup de mal à exprimer un avis argumenté et mitigé sans passer pour une snob de service. De toutes façons tout le monde a un peu tendance à en faire des caisses, et si tu ne montes pas dans l’aigu (en anglais en tout cas), c’est mal barré.
La tendance a clairement été donnée par Facebook et les blogs, qui jouent le jeu de « celui-qui-a-la-vie-la-mieux ». Filtres, exagérations, mises en scènes… J’ai vu passer des centaines de photos du Vietnam sur mon fil Facebook en un an, et pourtant aucune ne ressemblait un peu à ce que j’ai trouvé là-bas (et c’est pas plus mal !). On vend son voyage aux autres, pour se le vendre à soi-même.
Pourtant c’est absurde. Il y a des lieux qui nous parlent, que l’on aime, des ambiances qui nous touchent. Et d’autres non. Si les compliments peuvent avoir de la force, c’est justement parce qu’ils sont opposés à l’existence et la possibilité de la critique.
Alors si vous avez aimé les 4000 îles, c’est super ! Je ne dirais d’ailleurs pas que c’est à bannir d’office d’un voyage au Laos. C’est comme tout, ça dépend ce que l’on cherche. Ce n’était pas mon truc. Mais le Laos saura, j’en suis sûre, nous conquérir sous bien d’autres aspects !
Tu as raison ma Loulou : « Sans liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. » 😉
J’ai rêvé ou c’est Nicolas Cage derrière toi dans le canoë ?