Se cultiver avec Youtube en voyage

Se cultiver en voyage

Ça va faire bientôt six mois que nous sommes partis sur les routes de l’Asie. Et on en a vécu des choses ! On a vu, on a goûté, on a senti, bref : on a voyagé.

Mais parfois, le voyage en lui-même ne suffit pas à rendre compte de la situation d’un pays. En fait, je pense même que ce n’est jamais le cas. Que l’on soit touriste, expatrié ou immigré, on n’évolue de toute façon que dans un cercle très précis et limité au sein même de ce pays, tout comme nous le faisons chez nous. Bien sur quand on a une âme un tant soit peu aventurière, on cherche à sortir des sentiers battus.

Mais quand bien même, il reste impossible de creuser certains sujets seulement en foulant le sol qui les héberge. On pourrait se contenter de cette vision un peu limitée, qui est déjà pas si mal, mais si on souhaite vraiment comprendre un endroit, une population, il me paraît quand même essentiel de visualiser sa diversité (sociale, politique, historique…). Ce serait choquant d’aller en Corée du Nord et de n’en retenir que les merveilleux spots de plongée, par exemple.

Se cultiver en voyage, via les médias

C’est pour ça que Max et moi aimons nous renseigner sur un pays pendant ou après l’avoir visité (le faire avant m’intéresse beaucoup moins parce qu’on va ainsi créer des attentes ou des a-priori, et on en a déjà bien assez comme ça).

Et se renseigner, ce n’est pas seulement avoir un avis sur place, mais aussi prendre de la distance en écoutant différentes sources. Par exemple, si on se contentait d’aller au Musée des vestiges de guerre de Hô-Chi-Minh-Ville, ça ne suffirait pas à se représenter le plus objectivement possible la guerre du Vietnam, puisque ce sont les vainqueurs qui ont créé le musée : il est donc naturellement à charge et il n’y a pas de mention des crimes de guerre commis par leur camp. Ça ne veut pas dire que les informations sont mauvaises, juste qu’elles ne se suffisent pas à elles-mêmes. Si on se rend en Birmanie, il ne faut pas compter sur le gouvernement pour nous parler de la situation des musulmans du nord du pays, qui fuient actuellement la persécution jusqu’au Bangladesh. Et des situations comme ça, on en trouve partout.

Bien sur, l’objectivité réelle n’existe pas, d’autant plus quand on parle d’une guerre passée (on sait bien que les faits sont toujours réécris par les vainqueurs), mais plus on consulte de sources différentes, plus on s’en rapproche, forcément.

Et c’est là que YouTube rentre en jeu. On vit dans une époque magnifique (quoi qu’en disent les pessimistes et rabâcheurs de « c’était mieux avant »). Et internet nous fourni un accès gratuit et illimité au savoir. Et en plus, tout ça n’a quasiment pas de frontières (je dis « quasiment », parce qu’il y a certains cas où les accès sont restreints, comme dans les pays en dictatures ou les contenus qui ont des droits de diffusions négociés dans une zone spécifique). Peu importe où nous sommes, nous pouvons donc à la fois observer une situation en l’expérimentant sur place, et à la fois se renseigner en externe en puisant sur les savoir de l’Internet ! C’est pas magnifique, ça ?

On imagine souvent le voyage comme un mouvement constant, le fait de passer d’un endroit à un autre sans arrêt, ne laissant ainsi aucun temps « mort » au voyageur. Un touriste rencontré m’a même demandé pourquoi j’avais ma guitare avec moi, puisque je ne devais pas avoir le temps d’en jouer.

Mais en fait, les temps morts il y en a, et heureusement ! Déjà parce qu’on ne pourrait pas être en mouvement continu. Mais aussi parce que le fait de se « poser » à un endroit nous permet également de mieux l’appréhender. Alors le temps on le trouve, et c’est parfait pour se cultiver un peu.

Souvent le soir après une longue journée de marche ou de moto, Max et moi cherchons donc des vidéos pour approfondir notre expérience. En général, on table sur trois types de contenus :


1. Les documentaires

Sur Internet (et notamment YouTube), on trouve des documentaires sur absolument tout les sujets. C’est comme ça que nous nous sommes renseignés sur la guerre du Vietnam, la route du coton du Bénin, la situation des familles Népalaises dans l’Himalaya, les castes en Inde…

Il y a du bon et du moins bon, bien sur. Mais en creusant un peu on finit toujours par trouver de quoi se mettre sous la dent (ou le cerveau, plutôt !).

On regarde notamment l’émission Les routes de l’impossible, qui témoigne des difficultés des personnes qui doivent utiliser les routes les plus dangereuses du monde. Ce sont des documentaires sociaux qui traitent de pays de tous les continents. Après notre expérience au Népal, ça a bien fait écho en nous !

sur cultiver sur Youtube

Pour garder un peu contact avec l’actualité Française, on regarde aussi les émissions de Cash Investigations. Et Max suit religieusement les chroniques de Guillaume Meurice sur France Inter.


2. Les vidéos de vulgarisation scientifique

Là, on touche à mes grandes préférées, celles qui m’ont motivée à écrire ce billet.

Quel que soit les thèmes qui nous intéressent, il existe des chaînes YouTube qui en parlent. Et oui, YouTube ce n’est pas que des tutos maquillages ! Ce sont aussi des vidéos de vulgarisation scientifique qui sont de vraies pépites pour n’importe quel individu intéressé mais pas forcément initié. Et ça quand on voyage c’est super ! On se pose des questions sur beaucoup de choses et on apprend à observer le monde autrement. En plus les pastilles ne sont pas forcément longues (10-15 minutes) et on peut choisir nos sujets.

Trash a fait une vidéo synthétisant les meilleurs chaînes YouTube pour remplacer les cours d’un lycée traditionnel (ici). Et c’est pas con du tout ! Au final ce sont de vrais cours, souvent bien plus clairs et sensés que ceux que l’on a pu suivre en étant ados ou étudiants. La section des commentaires (d’habitude noyée sous les remarques insultantes ou les polémiques vides de sens) sont ici au moins aussi enrichissantes que les contenus vidéos eux-mêmes. J’y passe d’ailleurs autant de temps, personnellement.

Bref, en ce moment mes petites préférées sont celles-ci :

MicMaths

Chaîne de vulgarisation des mathématiques. Sa série sur la 4eme dimension ou celle sur les machines à calculer sont de vraies perles. Il est hyper clair et permet d’aborder les mathématiques sous un sens presque philosophique. J’adore tout ce qu’il fait.


Monsieur Phi

Chaîne de vulgarisation Philosophique. Drôle et bon orateur, il nous permet de comprendre certaines théories de philosophes. Mais surtout, il nous donne l’occasion de se questionner individuellement sur notre positionnement (notamment moral), grâce à diverses expériences de pensées. Grâce à lui j’ai appris que nous sommes probablement tous des consciences fabriquées. Cool, hein ?


Max bird

Chaîne dédiée au démantèlement des idées reçues. La spécialité de Max Bird cest de défaire les idées reçues. Il explique scientifiquement pourquoi elles sont fausses (et d’où elles viennent). C’est punchy, bien écrit et bien monté. Le seul problème c’est que c’est encore plus dur en société de se retenir de signaler à Jacqueline que, non, il ne faut pas pisser sur une brûlure de méduse, et que, non, le cerveau humain n’utilise pas seulement 10% de sa capacité (même si Luc Besson dit le contraire).


PVNova

Chaîne d’explication de la composition musicale selon les styles. En gros, il part de rien et nous explique comment faire un tube de chaque style musical. Ça rend hyper bien et ça nous permet d’analyser un peu mieux les morceaux que l’on écoute (et de se rendre compte, du coup, qu’on entend toujours la même chose sans le savoir).


Doc7 géographie

Chaîne géographique. Concernant la géo, c’est plutôt vers Doc7 qu’il faut se tourner. D’habitude il fait des vidéos de top 7 sur pleins de sujets différents (assez intéressants d’ailleurs). Mais il a aussi créé une chaîne de géographie sur laquelle il décortique les différents aspects à connaître sur un pays. Il s’inspire de la chaîne américaine « Geography Now », que j’aime beaucoup moins.


Hygiène Mentale

Alors celle-là, c’est un vrai bijou. Il s’agit d’une chaîne de vidéos dédiées à la zététique. Qu’est-ce-que-donc-que la zététique ? Il s’agit de la science (et de l’art) de l’esprit critique. Autrement dit, il s’agit de se demander comment nous pouvons positionner face aux informations que l’on reçoit. Qu’est-ce qui relève de la croyance, et qu’est-ce qui nécessite un regard sceptique ? Les vidéos prennent pour cas les « infos » paranormales (crop circles, maisons hantées, etc). Je le vend très mal, mais c’est vraiment PASSIONNANT. Au delà de ça, j’estime même que c’est essentiel à la citoyenneté. Oui, parce que du coup il y a tout un aspect d’éducation aux médias dans la foulée. PASSIONNANT. Et son créateur est génial de bienveillance et de pédagogie. A voir !

Se cultiver avec Youtube

Voilà pour n’en citer que quelques unes, mais il y en a beaucoup d’autres : Sciences étonnantes, Trash, Sciences4all… Sur tous les thèmes et pour tous les goûts !


3. Les films

Ceux-ci sont un peu différents puisqu’ils ne vont pas tellement donner d’infos sur un pays mais plutôt sur l’image qu’ont les réalisateurs de ce pays. Ben oui, « 7 ans au Tibet » ou « Little Buddha » sont des films américains, quand même. Donc bon, question représentations, c’est forcément encore plus biaisé que si c’étaient des films locaux. Même les films étrangers ne sont pas toujours pertinents. Si ils sont parvenus jusqu’à nous c’est qu’ils se rapprochent des normes Occidentales qui les rendent populaires chez nous. Mais dans tous les cas, ils permettent de se mettre un peu dans l’ambiance. Ça se rapproche aussi plus du divertissement pur, si on n’aime pas les documentaires.


En bref, peu importe où l’on est et ce que l’on aime, il existe toujours un moyen de se cultiver et de partager son savoir. Et c’est ça l’essence d’Internet et la beauté du XXIe siècle !

Une réflexion au sujet de « Se cultiver avec Youtube en voyage »

  1. Toujours aussi intéressants tes articles Lou 🙂 une petite question sur celui-là : est-ce que vous avez aussi recours à des lectures ? romans ou autres ?

Une remarque ? Un commentaire ? Une question ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.