Nb : ceci est un bras musclé. Que celui qui ose dire le contraire reçoive mon courroux !
Mes deux semaines en Malaisie sont terminées : il est temps pour moi de partager mon expérience de voyage en solitaire. Au delà de mon ressenti général sur le pays, je veux parler ici de la façon dont ce sont passés ces 15 jours et de ce que j’en retiens.
Évidemment, ce ne sont pas deux petites semaines qui suffisent à appréhender le voyage en solitaire, j’en ai bien conscience. Mais c’est un premier pas qui permet de se tester et de se découvrir tout en douceur.
SOMMAIRE D’ARTICLE
Pourquoi être partie en solo ?
Quand Max et moi avons décidé de quitter Paris, notre appart et nos boulots pour partir voyager, ce n’était pas sur un coup de tête. Nous avions préalablement beaucoup réfléchi (ensemble et individuellement) à ce que nous souhaitions faire de notre vie. Comme je l’ai expliqué ici, le voyage était pour nous une façon de découvrir le monde, mais aussi nous-même en nous forçant à sortir de nos zones de confort. Ne plus avoir de domicile fixe, c’est au final considérer la terre entière comme son « chez-soi ».
Ça ne se fait pas instantanément, évidemment, mais en se confrontant au reste du monde quotidiennement, en se retrouvant à gérer des situations toujours inédites et différentes, on élargie sa zone de confort peu à peu. Et au final, elle englobe bien plus que la simple limite physique d’un appartement, du trajet familier pour se rendre au travail ou de son cercle de proches.
Me dépasser
Mais en partant, je savais déjà quelles limites j’allais rencontrer. Mon problème (et ma grande chance !) c’est que la plus importante zone de confort que j’ai, ce ne sont pas des lieux. C’est Max. Peu importe où je suis, dans quelle situation, face à quel problème : si Max est avec moi, je me sens comme à la maison.
Tant que je suis à ses côtés, je me repose sur lui constamment. Si une situation m’effraie, je l’envoie la gérer à ma place. Ma famille le sait bien. Inutile de compter le nombre de fois qu’il a du appeler la sécu pour moi, l’agence immobilière ou même ma fac… Il a bien essayé de résister, le bougre, mais quand je refuse de faire quelque chose, bonne chance pour m’y pousser !
Seulement, le voyage était pour nous un moment clé qui signifiait qu’on voulait être libres. Et « être libre » pour moi, ça signifiait avant tout vaincre mes craintes. Je suis le genre de personne qui peut rester dans sa chambre d’hôtel à crever la dalle plutôt que de sortir pour chercher à manger dans une ville inconnue. Oui, oui.
Je pourrais vivre comme ça sans me poser de question, en comptant sur Max en permanence… mais je ne veux être dépendante de personne. Si je suis avec quelqu’un, ce n’est pas parce que j’ai besoin de lui et que je suis perdue sans lui. C’est parce que je VEUX être avec lui, pour ce qu’il est et ce qu’on partage.
Un saut dans le vide pour une non-débrouillarde
Non, moi ce que je veux, c’est me sentir capable de tout. Exploser mes propres limites. Honnêtement, j’ai l’impression d’avoir croisé et connu beaucoup de gens qui se sentaient pris au piège : par leur famille, leur travail, leurs dettes et surtout par eux-mêmes. Et à 26 ans, je sais que ce qui me tiens le plus à cœur dans ma vie, c’est ma liberté. Ce sentiment d’avoir le monde à mes pieds, d’aller la où j’ai envie, et pas là où je le dois.
Parce que je vais mourir. Comme chacun d’entre nous, certes. Ce n’est pas un scoop. Mais qui se le représente vraiment ? Qui vit sa vie en en ayant pleinement conscience ? Moi, dans 70 ans tout au plus (version optimiste), je suis morte. Alors je n’ai pas de temps à perdre !
J’ai donc décidé de sauter dans le vide. De laisser Max partir devant et de visiter un pays inconnu en solo. Ce qui est anodin et simplissime pour beaucoup a demandé énormément d’efforts de ma part. Et dans cet aéroport de Kuala Lumpur, en disant au revoir à Max et en sortant dans la capitale inconnue d’un pays qui l’était tout autant, je ne faisais clairement pas la maligne.
La Malaisie pour une fille seule
Alors déjà, est-ce que la Malaisie est un bon choix de destination solo ?
Clairement, oui. D’abord parce qu’il n’y a pas de situations très compliquées à gérer comme ça peut être le cas dans le reste de l’Asie du Sud-est. Pas de rabatteur et d’arnaque à esquiver à chaque coin de rue, pas de lutte interminable pour acheter un simple billet de bus, pas de négociation pour le moindre achat du quotidien… Non, clairement, ce n’est pas l’endroit le plus dur à visiter.
En plus de cela, la Malaisie possède un réseau de bus incroyablement fourni, moderne et efficace. Tellement fourni d’ailleurs, que la grande majorité des bus partent quasi vides. Mais ça c’est un autre problème…
Les locaux parlent un très bon anglais (du moins dans les zones touristiques, vu que je ne me suis pas excentrée du circuit classique) ce qui rend également tout beaucoup plus facile.
Ce qui fait peur aux femmes qui veulent visiter le pays en solo, c’est souvent le fait qu’il s’agisse d’un pays musulman. Pourtant la Malaisie c’est un pays multi-culturel où différentes mœurs, croyances et religions se côtoient. De mon expérience, il n’y a aucun soucis spécifique au pays au fait d’être une femme seule. Une voyageuse m’a tout de même racontée qu’elle s’était sentie un peu mal à l’aise dans la campagne, dans des coins où elle était la seule femme non voilée. Mais entre être mal à l’aise et être réellement en danger, il y a un pas énorme.
Une expérience enrichissante
Alors ça fait quoi de partir toute seule ?
En fait, j’en ai tiré exactement ce que j’en attendais. D’un côté, j’ai très vite pris confiance en moi. Pour me repérer, m’organiser, gérer mon budget, demander des informations sur ce dont j’avais besoin, etc. A un moment, timidité ou pas, on n’a pas le choix !
Il est tout de même possible d’esquiver un peu, évidemment. J’ai plus souvent grignoté un paquet de biscuits plutôt que d’aller au resto, ou marché plutôt que de galérer à trouver un bus en solo. Parce que, forcément, faire des choses seule est quand même souvent moins motivant.
Me confronter seule à un pays inconnu était le but premier de mon voyage. Je n’ai donc absolument aucun regret. C’était PILE ce dont j’avais besoin et ce que je voulais faire. Là dessus, aucun souci. Pour autant, ça n’a pas été une grande révélation en mode « Waaaah mais en fait c’est géniaaaaaaal, je devrais toujours partir en solo ! ». Je vais tâcher d’expliquer pourquoi.
Difficile de s’éloigner des zones fréquentée
La première grosse limite que j’ai rencontré a été le fait que je me suis sentie « obligée » de rester sur les zones touristiques. Parce que les backpackers ont beau dire qu’ils adorent « sortir des sentiers battus », en vérité ils sont comme tout le monde : ils aiment rencontrer des gens qui leur ressemble et partager du temps avec eux. Si on se rend dans les endroits non fréquentés, on sait à l’avance que l’on va surement s’y retrouver seuls. C’est ce que Brendan, un blogger qui voyage en Afrique, raconte très bien dans son article : Are backpackers full of shit?. C’est pour cela que la grande majorité des voyageurs reste dans les zones peuplées. Et je comprends tout à fait ! C’est ce que j’ai d’ailleurs moi-même fait pendant ces deux semaines.
Mais c’était du coup assez gênant. J’avais passé 9 mois à me sentir vraiment libre, à rencontrer des gens, découvrir des lieux et surtout à partager tout ça avec d’autres personnes. Je me sentais d’un coup assez limitée et cantonnée à des lieux définis à l’avance.
Qui convient aux solitaires… Ou aux ultra-sociaux
Je dirais donc que pour aimer réellement voyager seul, il faut soit aimer la solitude et se retrouver dans ses pensées, soit à l’inverse être naturellement très sociable et aimer rencontrer de nouvelles personnes tous les jours. Le top étant d’être les deux !
Mais perso, je ne suis pas vraiment l’un ou l’autre. D’un côté je n’apprécie pas être seule tout le temps, et d’un autre j’ai du mal à rencontrer des gens facilement. En fait j’adore être avec les personnes avec qui je me sens déjà à l’aise et libre d’être moi même. Il n’y a rien de pire pour moi que de devoir réfléchir avant de sortir une vanne, pour me demander si les gens avec qui je suis vont la comprendre ou l’apprécier. Et PIRE, de le faire et que ça tombe à plat.
En plus de cela, les rencontres de voyage ont beau être fréquentes et enrichissantes, elles n’en restent pas moins éphémères. Les têtes changent tous les deux jours, et les discussions recommencent à zéro. « Tu viens d’où ? », « T’es allée ou ? », « T’es parti depuis quand ? », etc. Et ça ce n’est pas tellement mon truc… Au bout d’un moment je me lasse de répondre à ces questions, d’autant plus que je sais que la personne d’en face ne va probablement pas retenir les réponses.
Une fille en voyage
Alors ça m’embête vraiment de l’avouer, mais être une fille qui voyage ce n’est quand même pas pareil qu’être un homme (gros scoop !).
Je ne suis pas du tout du genre parano, à me sentir persécutée par chaque homme qui m’aborde. Je sais très bien que le monde n’est pas aussi noir qu’on veut bien nous le décrire et que les inconnus ne cherchent pas à nous nuire par défaut.
Mais les relations sont parfois bien plus ambiguës quand on est une femme, surtout en voyage. J’ai l’impression qu’on est perçues comme des électrons libres, à la recherche de toutes sortes d’expériences et que l’on peut donc nous draguer sans souci.
Je ne parle pas des autres voyageurs évidement, mais bien des locaux. À Kuala Lumpur, j’ai du changer d’auberge parce que le gérant devenait vraiment trop avenant et insistant. Il avait pris mon numéro sur le site de Booking et m’envoyait des textos toute la journée, me demandant où j’étais et ce que je faisais. Il m’invitait à différents événements et le soir il me proposait de le rejoindre dans sa chambre pour partager un verre de brandy (qui pourrait dire non à ça, franchement ?…). J’ai fini par quitter l’auberge et lui par faire la gueule.
Bref, il y a eu plusieurs situations de ce genre qui auraient été beaucoup moins désagréables pour moi si j’avais été un homme. Rien que le fait de marcher dans des rues sombres et glauques, c’est beaucoup moins flippant quand on est deux.
Évidemment, je ne dis pas qu’il est dangereux d’être une femme seule en voyage. Des femmes solo se rendent partout dans le monde sans aucun souci. Il y a juste des situations différentes à gérer, auxquelles je ne m’attendais pas à être confrontée aussi souvent.
Point budget
Pour finir sur cet article de bilan de mon premier voyage en solo, je vais faire un bref petit point budget.
Voyager en solo peut être beaucoup plus coûteux que d’être à deux (surtout en couple). Bon, la Malaisie reste un pays abordable, évidemment. Mais je sais que si j’avais été avec Max, mon budget aurait été bien différent.
Le poste qui augmente considérablement est bien sûr le logement. On ne peut plus partager de chambre à deux, donc il faut payer des lits en dortoir. Et ceux-ci peuvent être assez chers, souvent situés dans les zones touristiques. Comme je l’expliquais avant, il est difficile de s’éloigner de ces zones lorsqu’on est seul (à moins d’accepter de ne pas faire beaucoup de rencontres). C’était un vrai changement de rythme pour moi.
Puisque je ne vais pas faire d’article de bilan sur la Malaisie, voici le tableau récapitulatif de mes dépenses dans le pays. Il illustre bien ce que je viens d’écrire.
A lire sur le sujet :
– « Voyager seule quand on est une fille » (Voyages etc.)
– « Je voyage seule, ne t’en fais pas » (Moi, mes souliers)
– « Voyager en solo quand on est une femme » (Expérience transat)
Mes deux semaines en solo en Malaisie m’ont donc appris sur moi même et sur ce mode de voyage. Je ne regrette absolument rien et je pense que c’est une expérience à vivre. Pour l’apprécier et m’immerger entièrement, je pense qu’il aurait tout de même fallu avoir plus de temps. Mais quoi qu’il en soit, ça me donne de quoi cogiter !
En tous cas, je suis méga heureuse de retrouver mon Maxou ! Peut-être que je repartirai en solo à un autre moment, mais pour l’instant notre vie néo-Zélandaise nous attend ! 🙂
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