Située à 15 kilomètres de Pondichéry, Auroville est une cité construite et inaugurée en 1968. Nous nous y sommes rendus lors de notre découverte du sud de l’Inde, intrigué par l’endroit et son idéologie.
SOMMAIRE D’ARTICLE
Qu’est-ce qu’Auroville ?
Il s’agit d’une ville qui se veut internationale (et non indienne) et se définit selon sa propre charte comme « le lieu d’une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités ».
Aujourd’hui, près de 2500 personnes résident à temps plein à Auroville, représentant plus de 50 nationalités. Pour y vivre, il faut répondre à différents critères (type de visa, attester que l’on peut vivre au moins un an sans salaire…) et surtout, adhérer à la charte commune.
Dans la ville (qui ressemble plus à un grand village au milieu de la forêt), s’organisent différentes activités : artistiques, sportives, administratives, agriculture, éducation…
Le Matrimandir
Le cœur de la cité est le Matrimandir. Il s’agit d’une grosse sphère dorée, visible de tous les endroits de la ville, qui contient une grande chambre de méditation dans laquelle se trouve un globe de verre de 70 centimètres de diamètre.
La Matrimandir est entouré de 12 pétales en briques, chacune prônant une qualité humaine ou religieuse.
Les touristes peuvent venir visiter le site (ce que nous avons fait). Un grand centre d’information accueille les visiteurs.
Une expérimentation qui fait réfléchir
Alors, l’idée est très jolie, mais qu’en a-t-on pensé ?
Et bien, pour ma part, j’ai été très sceptique… Je n’avais pas lu sur le sujet avant d’y aller, donc je ne m’attendais à rien. Comme en plus nous avions la moto, nous avons pu nous balader réellement dans la forêt, et voir les différents sites qui sont éloignés du centre d’accueil.
Le concept de l’expérimentation est plutôt séduisant. C’est vrai, une égalité des sexes, des origines, des religions, le tout tourné vers l’art, l’éducation, l’agriculture… Ce sont des idéaux qui semblent assez pertinents.
Seulement, je suis un peu mal à l’aise dès que je lis les détails de la charte :
- Auroville n’appartient à personne en particulier. Elle appartient à toute l’Humanité. Mais pour y séjourner, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine ;
- Auroville sera le lieu de l’éducation perpétuelle, du progrès constant, et d’une jeunesse qui ne vieillit point ;
- Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers les réalisations futures ;
- Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète.
La première chose qui me frappe, c’est le concept de « conscience divine ». Si aucune religion n’est mise en avant (puisque toutes les religions sont annoncées comme égales les une aux autres), ce n’est pas un site athée pour autant. D’ailleurs, la fondatrice du concept, Mirra Alfassa, est appelée « la mère ». Ça fait un peu culte de la personnalité quand même… D’autant que depuis son décès, personne ne semble avoir pris le relais du lead de la ville, et son image et ses citations restent le fil rouge de la communauté.
Le deuxième point qui m’a gêné, c’est la richesse du lieu. Comme je l’expliquais, nous sommes venus en moto. Forcément, pour arriver à Auroville, nous sommes passés par des villages indiens par excellence. On croise des chiens morts au milieu de la route, des enfants qui jouent dans la terre (on oublie l’école, donc), des mendiants, des maisons qui ressemblent plus à des bidonvilles, des déchets absolument partout, de l’eau stagnante, des excréments… Bref, l’Inde à laquelle nous commençons à nous habituer.
Mais Auroville nous saute au visage. Les jardins sont magnifiques, bordés de fleurs. Le centre touristiques est très moderne : on trouve des prospectus dans toutes les langues, des films, des maquettes de la ville. Et puis il y a le Matrimandir, qui brille et impressionne.
Alors forcément, le passage d’un monde à l’autre marque un peu.
En soi, je ne critique pas l’initiative. Je pense que les habitants y trouvent leur compte et vivent en dehors d’un système qui ne leur correspond pas. D’autant que Auroville dit employer des habitants des villages voisins et donc favoriser l’économie locale. Tant mieux, alors. Mais je reste sceptique quant au fonctionnement général. J’ai d’ailleurs rencontré des anglais qui m’ont expliqué leurs doutes concernant le financement d’Auroville. C’est vrai ça, quand on voit la faible qualité de vie en Inde, on se demande comment la ville peut subvenir à ses besoins et resplendir autant, sans avoir aucun revenu externe. D’après les anglais, l’état indien participe grandement au financement. Un peu contestable, donc…
Mais la visite de la ville, d’un point de vue touristique, reste un très beau moment. Les prix des consommations sont vraiment abordables, et la promenade est très plaisante. Le calme et la propreté de l’endroit apportent une petite bouffée d’air dans le pays indien !
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Une réflexion au sujet de « Que penser d’Auroville, la cité expérimentale indienne ? »