Après avoir passé un peu plus d’une semaine à traverser le pays à moto, nous arrivons à Ho-Chi-Minh-Ville. Anciennement « Saïgon », il s’agit de la plus grosse ville Vietnamienne avec 8,4 millions d’habitants. C’était la capitale du pays, mais elle a laissé sa place à Hanoï après la défaite de l’état du Sud lors de la guerre du Vietnam.
Contre toute attente, j’avais vraiment aimé Hanoï. Un joyeux bordel organisé, comme on dit. Mais Ho-Chi-Minh-Ville ne m’a pas vraiment convaincue…
SOMMAIRE D’ARTICLE
Découverte de Ho-Chi-Minh Ville
La ville est plus moderne, plus occidentalisée. Les gros immeubles fleurissent un peu partout, les routes sont larges et moins bordéliques. Je ne doute pas une seconde que ce soit une bonne chose pour les habitants, évidemment. Mais avec mon petit regard de touriste qui débarque, ça m’a du coup moins marquée.
Il y aussi le fait que le centre touriste de la ville, la « Bui Vien Walking Street » m’a donné une impression étrange, pas très positive. La rue est jolie et agréable, extrêmement vivante. Il y a énormement de restaurants, de pubs et de clubs et on y entend toujours de la musique.
Mais c’est une rue « à touristes ». Tous les prix sont affichés en dollars, les menus sont en anglais et les produits proposés sont occidentaux. Vive KFC, Pizza Hut ou Burger King ! J’avais été contente de trouver des enseignes « occidentalisées » à Hanoï, mais là c’était différent. Les touristes viennent ici pour consommer. Consommer de l’alcool pas cher, des fastfoods ou des filles locales (« Massage ? Happy ending ? »). Certains ont un comportement déplorable : j’en ai vu jeter leurs canettes de bière à peine terminée au milieu de la rue ! La majorité finie bourrée très rapidement et c’est tout ce qui leur importe.
Il était donc très difficile de retrouver un peu de « Vietnam » dans la ville. Les codes touristiques sont partout. On a halluciné en demandant les prix des hôtels : 20 dollars annoncés, ramenés à 300 000 VND (soit environ 10 EUR). On paye d’habitude entre 100 000 et 180 000… Et puis pas la peine de négocier, il y a beaucoup de demandes. On a finalement trouvé un dortoir tenu par un expat’ français plus loin dans la ville, pour 110 000 par lit.
C’est vrai que ça parait logique de payer plus quand nos revenus sont supérieurs au coût de la vie locale, mais c’est toujours un peu dérangeant quand on connait les prix « normaux »… Compliqué… Les relations sont un peu biaisées aussi, toujours centrées sur l’apport financier à court terme que l’on représente. A l’instar d’Hanoï, je n’ai pas trouvé les gens très sympathiques. On se fait parfois engueuler pour rien… Je ne vais pas leur jeter la pierre, je pense toujours aux touristes qui débarquent à Paris et à comment ils sont traités. Mais bon, c’est pas très agréable.
Bref, Ho-Chi-Minh-Ville ne m’a pas fascinée. Nous nous y sommes arrêtés pour deux raisons :
- Changer des dollars pour pouvoir ensuite passer la frontière terrestre avec le Cambodge.
- Aller au musée des vestiges de guerre.
Le musée des vestiges de guerre de Ho-Chi-Minh-Ville
Après avoir changé l’argent, on se rend donc au Musée des vestiges de guerre, dédié à la guerre du Vietnam et celle d’Indochine. Après avoir visité les tunnels de Cu chi, ça parait logique !
La première chose qui me marque quand on arrive, c’est l’aspect mercantile de l’endroit. Il y a des boutiques partout ! Je persiste à trouver étrange de pouvoir acheter un mug souvenir dans un bâtiment pareil…
Une visite difficile
La visite du musée est dure émotionnellement. Les expositions sont violentes et carrément trash : on voit des gens déchiquetés, des visages apeurés la seconde qui précède leur mort, des enfants nés avec des malformations extrêmes des suite de l’usage de l’agent orange… A l’extérieur, il y a des reconstitutions de prisons d’époque et des cages en fer. Le regard est donc un peu dur à maintenir.
Mais j’ai surtout essayé de laisser de côté le pathos pour voir ce que j’apprenais de tout ça. Et bien en fait, pas grand chose. Ou plutôt, si : j’y apprends la non-objectivité flagrante d’un état qui relate une guerre passée qu’il a gagné.
Peu de réelles informations sur les faits
En effet, la totalité des expositions ont pour objectif de nous toucher et de nous démontrer à quel point les USA ont été inhumains dans leur rapport à la guerre.
En soi, je ne m’oppose pas au constat, mais c’est la façon dont c’est amené qui pose soucis. On ne voit que les victimes d’un seul camp, toujours décrites dans des termes élogieux assez mal trouvés. Les Américains sont mis en avant comme des bourreaux dénués de sentiments. Les expositions montrent ainsi quelques photos où les visages crispés passent pour des sourires de satisfaction devant la mort, accompagnées de textes accusateurs. Je ne pourrais pas juger chaque cas personnellement, c’est évidement très délicat. Mais ce que je sais, c’est que les communistes ont résisté 17 ans avant que les Américains se retirent et qu’ils réussissent à prendre Saïgon pour unifier le pays sous leur étendard. Le combat a été violent des deux côtés, sans quoi il n’aurait pas duré.
Bien sûr, les Américains ont marqués l’histoire à cause de leur usage massif des bombardements, des missions extermination ou de l’usage de l’agent orange. Mais les communistes ont utilisés leurs propres méthodes qui ont aussi tués les opposants (Vietnamiens comme Américains). Et le musée n’en fait aucune mention ! Il n’y a pas non plus d’explications sur ce qu’il se passait aux USA en parallèle et le fait que la population était majoritairement opposée à la guerre.
Bref, le musée est à charge et ne témoigne pas d’une quelconque responsabilité partagée. Mais devais-je vraiment attendre autre chose d’un musée qui devait originellement s’appeler « le musée des crimes de guerre Américains » ? J’imagine que c’est un indice qui montre que pour le gouvernement il n’y a rien à regretter, qu’à refaire tout se reproduirait à l’identique. Mais c’est justement ça que j’ai du mal à accepter. Détruire un pays pour une lutte idéologique et financière me dépasse complètement, d’autant plus quand c’est le sien.
Un avis mitigé
Ho-Chi-Minh-Ville n’est pas mon coup de cœur Vietnamien, c’est sur. Mais bon, le rapport que l’on a à une ville dépend de nombreux facteurs souvent extérieurs à la ville elle-même et plutôt liés à notre propre expérience. Dans ce cas, j’ai deux exemples :
- Nous y étions pendant la fête du Têt (nouvel an asiatique). Ça aurait pu être une belle expérience, sauf que tous les magasins/restaurants étaient fermés et qu’on croisait surtout des Vietnamiens bourrés un peu lourd… !
- Nous partagions notre dortoir avec un voyageur allemand d’une soixantaine d’années. Il avait de toutes évidences des problèmes d’audition mais voulait quand même discuter avec nous. Ça donnait des échanges un peu décousus et surtout à sens unique… Mais le pire c’était pendant la nuit, quand il faisait des crises d’apnée du sommeil ! Il s’étouffait à moitié entre deux ronflements, se réveillait en sursaut et gueulait des trucs en Allemand. Très marrant, mais très fatiguant aussi (surtout pendant trois nuits d’affilées !).
Après quatre jours en ville (qui ont apportés un peu de repos à nos postérieurs), nous remontons sur la bécane pour nous rentre à Can Tho, où l’on a trouvé un nouveau QG ! A suivre…
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