Une semaine de repos dans une fale Samoane d’Upolu

Après avoir passé deux jours à Apia, la capitale Samoane, nous avons décidé de nous rendre au sud de l’île afin de trouver des « fales » (les logements en bois traditionnels) où dormir. Nous n’avions aucun plan et aucune réservation, mais vu la taille de l’île, on savait qu’on finirait bien par atterrir quelque part. C’est ainsi que l’on a pris la route pour débuter notre « road trip » aux Samoa !

SOMMAIRE D’ARTICLE


Se déplacer en bus Samoans : une expérience à ne pas manquer

Depuis Apia, nous prenons notre premier bus Samoan. Nous avions vraiment hâte de monter dans un de ces gros camions colorés que l’on voyait un peu partout en ville. Il parait que c’est en prenant les transports en commun que l’on peut le mieux appréhender de « fa’asamoa », le code de conduite Samoan. Il faut observer le fonctionnement des passagers, le rôle que chacun a au sein de la communauté. Les jeunes vont se lever pour laisser les anciens s’asseoir, tout comme les anciens vont eux-mêmes se lever si des étrangers entrent.

Faofao Beach Fales

L’ambiance de ces bus mérite à elle-seule de faire un trajet. Les sièges et l’intérieur sont complètement décorés selon les goûts du conducteur, qui impliquent souvent des figurines de la vierge Marie colorées, des dessus de sièges en fourrure zébrée et des néons divers. A cela s’ajoute la musique, souvent un genre de reggae local, et vous voilà prêt à découvrir les paysages Samoans !

Pour cette première journée, nous prendrons deux bus. Un premier depuis Apia jusqu’aux Piula Caves (dont je parlerais dans un second article) puis un second que l’on attrapera sur la route. Ici, il n’y a pas vraiment d’horaires ni d’arrêts : les bus suivent les routes principales et vont là où les passagers veulent descendre. Il n’est pas rare de faire des détours dans des petits chemins de terre pour déposer quelqu’un devant la porte de sa maison. Il ne faut donc pas être pressés, mais personnellement j’ai adoré voir les Samoans s’organiser et vivre en communauté.


Le stop fonctionne du tonnerre

Notre second bus nous dépose le plus loin possible sur sa ligne, mais les chauffeurs doivent retourner à Apia et ne peuvent faire de détour trop long. Ils nous rapprochent un maximum de notre destination et nous descendons, encore à 5 kilomètres des fales pour touristes les plus proches. C’est une distance humainement réalisable à pied, alors nous ajustons nos sacs et commençons à marcher. Il n’y a personne sur la route et quasiment aucune habitation autour de nous. En dehors d’Apia, les Samoa ne sont composés que de villages épars, d’à peine deux ou trois maisons. Je n’aurai jamais pensé trouver un pays si sauvage et préservé.

Village Samoan
Faofao Beach Fales
Bord de route au Samoa

Au bout d’une demi heure, une voiture passe et s’arrête. Le conducteur nous propose de nous déposer à notre destination. Vue la chaleur et l’humidité, on saute sur l’opportunité.

On aura l’occasion de le constater plus tard, mais cette pratique est très courante sur l’île. Le stop est très efficace, et même quand on ne demande pas de l’aide, les passants s’arrêtent pour nous proposer de nous avancer. Le système de bus étant limité sur place (à peine quelques bus passent par jour à des horaires imprécises), c’est un moyen de faciliter les déplacements. Et puis, comme il n’y a qu’une grande route principale, on est sûrs de tous aller quasiment au même endroit !

Seuls sur la route…

Les fales appellent au repos

En début d’après-midi nous arrivons donc aux fales que nous avions repérées en ligne avant de venir : les Faofao Beach Fales.

Faofao Beach Fales

Les fales (signifiant simplement « maison » en Samoan) sont les maisons traditionnelles en bois que l’on trouve dans tout le pays. Certaines familles se sont ainsi spécialisées dans la location de fales pour les touristes. Ce sont surtout les backpackers qui viennent y dormir, puisque le confort est assez sommaire. Un matelas, un abris en bois surélevé, une moustiquaire, des douches et toilettes communes, et c’est tout.

Fales sur la plage
Notre fale
Lit dans la fale
Vue depuis la fenêtre

Ces logements, qui donnent une vue incroyable sur la mer, ont un charme fou. C’est également un moyen plus économique de se loger aux Samoa. Il faut compter entre 60 et 90 talas la nuit par personne (entre 20 et 30 euros), incluant le petit déjeuner et le repas du soir. Bien plus économique que les resorts hors de prix à plusieurs centaines de talas par personne, qui sont la seule alternative !

Conseil : pour payer moins cher votre nuit en fale, évitez de réserver sur les sites d’hôtellerie comme Booking ou Expédia. Ces sites prennent une grande commission et des taux de change qui font que les familles touchent bien moins d’argent. Au final, c’est mieux pour eux comme pour les clients de s’arranger en liquide sur place. Et pas de risque de ne plus avoir de place quand on arrive : même en pleine saison (juillet-août) les fales n’affichent pas complet. C’est les Samoa, loin de tout et même du tourisme ! Sautez dans un bus et allez voir directement sur place 🙂

Faofao Beach Fales

Histoire et Tsunami

Nous profitons de notre premier repas à Faofao pour discuter avec la propriétaire. Elle nous raconte l’histoire de cet endroit et de ce qu’elle a du traverser pour qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui.

Il y a 10 ans, toute la famille avait déjà construit des fales pour touristes et vivait de ce business. Mais en 2009, un tremblement de terre de magnitude 8 effraie la famille et les touristes présents. Du fait de la structure des bâtiments Samoans, il n’y a finalement que peu de casse. Mais le pire est à venir. Une demi heure plus tard, un immense mur d’eau apparaît dans la mer : un tsunami arrive droit sur l’île et les habitations.

Les habitants abandonnent leurs affaires sur place et courent aussi vite que possible en direction de la montagne. C’est de là que quelques minutes plus tard, ils observent, impuissants, le tsunami engloutir et détruire leurs maisons.

Par chance, le tsunami n’est pas arrivé jusqu’à la route principale où se trouvaient les bus amenant les enfants à l’école. Ils ont pu sortir et se réfugier dans la montagne.

Mais pendant plusieurs mois, les familles n’osent plus redescendre. Le gouvernement vient installer des toilettes portables et autre accès sanitaires de premières nécessités. Les enfants ont peur de la mer et rien que l’idée de retourner vivre et dormir en entendant le bruit des vagues les terrorise.

Ce n’est qu’un an plus tard que tout le monde finira par redescendre. Doucement, ils reconstruisirent ce qui avait été perdu. La famille dû alors faire un prêt à la banque pour avoir de quoi accueillir les touristes de nouveau. Fale par fale, ils ont repris possession de la plage et de la mer.

Mais quand on demande à la propriétaire ce qu’elle en pense, elle répond : « We’ve been very lucky. All of us. But for a while, I was very angry at the sea! I hated even the sound of it. I couldn’t sleep, effraid that a new tsunami could arrive if I closed my eyes. ». Et elle ajoute, en ponctuant sa phrase d’un rire communicatif propre aux Samoans : « But now it’s fine! »

[Traduction : « On a tous eu beaucoup de chance. Mais pendant un temps j’étais très énervée contre la mer. Je haïssais même le son des vagues. Je n’arrivais pas à dormir, par peur qu’un tsunami arrive pendant mon sommeil. Mais maintenant, ça va ! »]

Reste d’une maison inoccupée depuis le tsunami

Faofao Beach Fales, où l’on reste toujours plus que prévu

Notre première nuit en fale est assez compliquée. Il fait très moite et on a du mal à s’acclimater. Mais dès le lendemain, la situation s’améliore, si bien que l’on décide d’étendre notre séjour.

Faofao Beach Fales
Lever de soleil au bord de mer

Rencontres de bord de mer

Sur place, nous sommes les seuls touristes pendant quelques jours. Il faut dire qu’on est au milieu de la saison des pluies et que le pays est désert. Jusqu’à ce que deux Israéliens nous rejoignent. On s’entend bien tous les 4 alors on passe une partie de nos soirées ensemble, se retrouvant aussi pour les repas. Ils font du Woofing avec la famille chez qui on vit pendant la journée en échange d’une réduction du prix de leur fale. Ils bossent ainsi à la ferme ou sur les plages et nous racontent comment fonctionne le travail aux Samoa.

Un soir, Léo (l’un des deux Israéliens) décide de mettre en oeuvre tout ce qu’il a appris dans les fermes de noix de coco. Il grimpe donc en haut d’un des cocotiers de notre plage pour nous ramener des fruits. Un vrai épisode de Koh Lanta ! On a ensuite mélangé l’eau de coco trouvée dans les fruits avec de la vodka, comme ils le font traditionnellement ici. Et ben c’était étrangement très bon !

Faofao Beach Fales
Recherche de noix de coco

Au final, l’envie de reprendre la route et de tester d’autres logements nous passe rapidement. On décide d’adapter nos plans et de se servir de cet endroit comme point de chute. Puisqu’on s’y sent bien, rien ne nous oblige à en partir. La propriétaire nous aime bien et nous propose donc de réduire le prix de la location si on reste plus longtemps. On accepte donc avec plaisir.

Programme cool-cool

Nous avons donc passé près de dix jours sur place. Notre programme est assez routinier et reposant. C’est la première fois en un an et demi qu’on se pose totalement. Alors autant en profiter !

Faofao Beach Fales

Le matin, on file partager le petit déjeuner avec les autres. On refait le monde en buvant nos cafés et en mangeant nos pancakes à la papaye. La chaleur fini par avoir raison de nous, alors on pique une tête dans la mer (qui tourne autour de 26-27° !).

Une fois rafraîchis, je me pose devant mon ordi pour travailler sur ce site.

Faofao Beach Fales
Pas mal comme décors pour écrire !

A midi, on achète quelques snacks à l’échoppe d’à côté si on a faim, et on retourne faire trempette. L’après-midi passe ainsi, jusqu’à ce qu’on nous appelle pour le repas du soir.

Repas du soir !

Les garçons nous parlent alors de leur journée et on fini par aller boire des coups sur la plage. On part ensuite se coucher, prêts à recommencer tout le programme le lendemain 😉

Faofao Beach Fales
La nuit, la mer est argentée

Après un séjour bien plus sédentaire que prévu dans la région, il nous faut néanmoins retourner à Apia. Il ne nous reste que quelques jours dans le pays et on souhaite revoir la capitale (et sa gastronomie) ! Mais on n’est pas prêts d’oublier ce séjour paradisiaque et la famille qui nous a accueillis… Si vous avez l’occasion, sautez dessus !

Faofao Beach Fales

D’autres articles sur Upolu :

« Une semaine sur Upolu » (From Wonderland)

« Samoa… l’île d’Upolu » (Un monde de destinations)

2 réflexions au sujet de « Une semaine de repos dans une fale Samoane d’Upolu »

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