Après 39 jours passés en Inde (et deux mois complets pour Max), nous quittons le pays pour nous rendre au Népal. Une semaine après notre départ, il est temps de donner notre avis sur l’expérience vécue dans le pays.
SOMMAIRE D’ARTICLE
L’itinéraire parcouru
Nous avons voyagé près de six semaines en Inde. La première partie fut à moto et l’autre en train et en bus. Voici le détail :
- Max et moi nous sommes rejoins à Chennai. Nous y avons passé 5 jours, le temps d’avoir tous l’équipement de la moto.
- Nous avons ensuite conduit jusqu’à Mahâballipuram…
- …Puis jusqu’à Pondichéry, où nous sommes restés 3 jours (avec une journée à Auroville).
- Nous avons quitté la côte pour visiter Madurai et son célèbre temple pendant 2 jours.
- En 2 jours de route, nous sommes arrivés à la pointe extrême sud du pays, au Cap Comorin (avec un arrêt à Thoothukudi).
- Nous y sommes restés 2 jours, puis à cause des soucis liés à la moto, nous sommes retournés à Chennai.
- Une semaine plus tard, nous repartions (sans la moto) et allions cette fois au Kerala, à Munnar, voir les plantations de thé.
- Nous avons ensuite fait un arrêt de 3 jours à Kochi.
- Nous sommes redescendus à Allepey pour visiter les backwaters.
- Puis nous avons pris la ligne de train qui remonte la côte ouest pour aller jusqu’à Mysore (avec des arrêts à Thrissur et à Kannur).
- Pour finir, nous sommes arrivés à Bangalore, d’où nous avons pris notre vol international pour le Népal.
Notre ressenti de voyageurs
Aaaah, donner son avis sur l’Inde. Voici une tâche bien complexe !
J’avais lu beaucoup d’avis sur ce pays qui intrigue tant avant de partir. Je m’étais aussi renseignée sur le choc de l’Inde. Le fait que ce pays puisse mettre les nerds des voyageurs tellement à vifs qu’ils refusent de sortir de leur chambre d’hôtel me fascinait. Je m’attendais donc à subir un choc pareil, dans une moindre mesure, et j’étais prête à l’affronter. Mais le voyage a été bien plus serein que prévu. Dans un premier temps, en tous cas.
De l’entraide et des rencontres
Les gens que nous avons rencontrés ont été adorables. Nous avons quitté les circuits touristiques (d’abord grâce à la moto, puis avec notre itinéraire improvisé) et c’est là que l’on croise les habitants les plus intrigués et sincères. C’est aussi dans le sud qu’il y a le plus d’espace et de nature (mention spéciale pour le Kerala), ce qui manque cruellement aux visiteurs dans le nord.
Dans un premier temps, j’ai donc adoré l’Inde.
Ce n’est pas pour les activités ou pour les paysages qu’il faut venir en Inde, mais bien pour la richesse de la culture et la confrontation de notre mode de vie au leur. Attention, je ne dis pas que je trouve ça « magique » et « qu’ils ont tout compris à la vie ». Au contraire même. Il faut une bonne dose d’ouverture d’esprit pour « tolérer » certaines croyances. Le système des castes, la violence faites aux femmes, le karma et la justification des pires inégalités prônée par l’hindouisme sont très durs à accepter et à observer.
Une culture parfois violente
Toutes ces règles font que les indiens sont persuadés qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent et que rien ne vient par hasard : on justifie les pires souffrances, les pires situations. Si quelqu’un a un accident de la route, c’est qu’il a fait du mal dans une autre vie, il n’aura donc même pas droit à un enterrement. Les intouchables en sont le parfait exemple : en dehors même du système de caste, ils constituent la pire catégorie indienne et n’ont absolument droit à rien, tout en étant persécutés sur tous les plans dans la totalité du pays.
Cela pèse sur le voyageur. Parce que la croyance dans le karma a des millions de conséquences : quel besoin a-t-on d’essayer d’améliorer sa vie, puisque c’est voué à l’échec ? Pourquoi jeter les papiers à la poubelle, puisque ce sont les dieux qui gèrent tout ça ? Pourquoi s’occuper des animaux errants, puisqu’ils sont à leur place ? On peut juste prier, et célébrer les dieux qui vont correspondre à nos besoins personnels immédiats.
Bref, ma découverte de l’Inde a été marquée par une dualité incroyable : une expérience personnelle très positive et accueillante qui a eu lieu dans un pays extrêmement violent et injuste. J’ai appris énormément, plus que je n’ai pu le faire à travers aucun de mes voyages. On ne va pas en Inde pour profiter d’un pays pas cher : il faut être prêt à s’interroger, à s’alarmer, à s’énerver, à se questionner.
Un choc à retardement
Alors, avec le temps, j’ai compris que le « choc indien » avait bien eu lieu chez moi. Il a juste été moins marqué à mon arrivée et s’est immiscé avec le temps. C’est pour cela, que, comme Max, je pense que j’ai quitté le pays au bon moment. Parce que je commençais à être suffisamment à l’aise ici pour ne pas tolérer ce que je ne voulais pas, quitte à réagir trop violemment. Le regard des hommes à mon égard, notamment.
J’ai lu beaucoup d’articles sur le pays, et notamment sur la condition de la femme. Les mariages arrangés, sur les violences, les inégalités. Je me suis renseignée sur l’histoire sordide de cette jeune indienne qui est décédée en 2015 suite à un viol collectif extrêmement violent, devant l’inactivité des policiers, ou sur cette autre jeune fille de 17 ans qui s’est suicidée après que le flic à qui elle avait reporté le viol qu’elle avait subie ai tenté de lui faire retirer sa plainte en lui disant d’épouser son agresseur. Et sur les réactions des gourous qui expliquent qu’elles n’avaient qu’à « se laisser faire et prier dieu ».
Je me souviens avoir pensé, en étant confrontée à un indien bourré qui se rapprochait de moi en me faisant des clins d’œils et en fixant ma poitrine « que se passe-t-il si je lui fout un pain, là maintenant, au milieu de la gare ?« . Trois semaines plus tôt, je n’avais rien fait lorsqu’un poivrot m’avait touché les seins au milieu de la rue, et j’avais refait la scène dans ma tête des dizaines de fois. Mais là, après la lecture de ces histoires, j’avais envie de le frapper avec une haine folle.
Une situation qui touche
Pourtant, ces hommes ne sont que des exceptions. Dans le premier cas, il a d’ailleurs été chopé par les autres indiens présents qui l’ont bien malmené. Mais j’ai fini par en vouloir à ce pays pour les inégalités et les violences que ses habitants se font subir entre eux.
Il y a d’ailleurs de très bons articles en ligne sur le sujet :
- Le Blog « Voyage à deux », leur avis après 4 mois dans le pays.
- Le rôle de la femme en Inde, par le site « Couleur Indienne » que j’adore.
Alors pour moi, c’était ça le choc de l’Inde. Et pour autant, j’en garde un très bon souvenir. Le voyage, ce n’est pas que visiter des plages et boire des cocktails pas chers. C’est se confronter même à l’insoutenable, et arrêter de fermer les yeux « parce que c’est plus simple ». C’est moins confortable, c’est sur, mais c’est là que l’on apprend. Parce que rien n’est tout noir ou tout blanc. L’Inde m’a marquée au moment où j’ai accepté que je n’en attendais plus rien. Alors il me faut du temps pour assimiler tout ça, pour retrouver un peu de calme et de simplicité, mais j’y reviendrais. Et surtout pour voir le nord, qui semble tellement marquer les voyageurs ! Et puis, je rêve d’une nouvelle expérience en Royal Enfield !
Les moments forts
1 – Conduire la Royal Enfield dans des coins perdus
2 – Manger les délicieux plats Indiens, ainsi que boire du Chai tous les matins
3 – Faire une rando dans les plantations de thé de Munnar
4 – Découvrir le train à l’Indienne
5 – Se balader sur les backwaters d’Allepey
Budget de six semaines de voyage
Sur le site « Planificateur a-contresens » qui regroupe les budget des voyageurs, l’Inde a actuellement une moyenne de 27 euros par jour et par personne. Nous avons l’habitude des road trips maintenant, et nous savons que nous sommes souvent en dessous de cette moyenne. Ceci vient du fait que nous voyageons lentement (ce qui coûte moins cher) et que nous ne mangeons que local, en évitant les zones à expat’ et touristes. Mine de rien, ça fait une différence énorme.
Pour les 40 jours passés en Inde, VISA compris, nous en avons eu pour 1172 euros à deux, soit 14,66 euros par jour et par personne.
A ceci, il faut ajouter le budget de revente de la moto. Nous avons eu des problèmes administratifs et avons voulu la revendre vite, ce qui nous a coûté très cher (400 euros au total). Je n’ai pas inclu ce budget puisque ce n’est pas représentatif. Le reste (l’essence, les réparations, le matériel type casque, tendeurs, portes-bagages) sont inclus dans « transport ».
Il faut savoir que voyager en moto en Inde est beaucoup plus coûteux que de prendre les transports locaux. On ne le fait pas pour économiser, mais pour kiffer ! Du coup, notre budget est « large » pour ceux qui souhaitent prendre les trains et bus indiens.
Voici qui clôture notre voyage en Inde. Pour le moment, nous allons nous offrir un peu de calme (mais pas de repos !) au pied de l’Himalaya !
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