Le Cambodge faisait partie des trois pays que nous souhaitions visiter lors de notre road trip à moto en Asie du Sud-Est. La principale raison était que l’on savait qu’il était possible d’y entrer avec une moto Vietnamienne. Et on aime voyager à moto !
Après quelques jours sur l’île de Phu Quoc au Vietnam, nous avons donc pris un ferry pour retourner à Ha Tien. De là nous avons à peine roulé une dizaine de kilomètres pour nous rendre à la frontière. Après quelques mauvaises blagues de la part des douaniers ainsi que les formalités classiques, nous étions sur le territoire Cambodgien.
SOMMAIRE D’ARTICLE
Le Cambodge en quelques mots…
Le Cambodge est un pays d’Asie du Sud-Est qui regroupe 17,5 millions d’habitants. Phnom Penh est la capitale du pays tandis que la religion principale est le bouddhisme theravāda. C’est la religion officielle de l’état et 96% de la population la pratique.
Vivant en grande partie du tourisme (deuxième industrie du pays), le Cambodge a la particularité de fonctionner avec un système de double monnaie : d’un côté on utilise les Riel, la monnaie locale, mais d’un autre côté tous les prix sont en Dollars, même hors des zones touristiques. Le Cambodge aligne sa monnaie sur le Dollar : 1 Dollar équivaut plus ou moins toujours à 4000 Riel.
Personnellement, j’ai beaucoup de mal avec ce système. Même si je sais que la grande majorité des locaux les utilisent aussi, j’ai surtout l’impression que c’est un moyen de soutirer un peu plus d’argent aux visiteurs. En effet, le coût de la vie au Cambodge n’a rien à voir avec celui des USA. Il devient donc impossible d’avoir les « vrais » prix des choses et le Cambodge devient ainsi le « pays-tout-à-1-dollar« . Un jus de canne ? Un dollar. Une brioche ? Un dollar. Un plat de riz ? Un dollar. Ça a l’air peu, mais c’est en fait une augmentation de parfois 30% du prix originel. Le voyage revient facilement 10% plus cher qu’en utilisant seulement une monnaie locale… Et on ne peut pas en obtenir facilement. Les machines reconnaissent nos cartes et on ne pourra retirer que des billets verts.
Les massacres des Khmers Rouges
Malgré le développement récent de son tourisme, le Cambodge est surtout connu pour les massacres perpétués par les Khmers Rouges entre 1975 et 1979. 1 à 2 millions de victimes, soit un quart de la population Cambodgienne de l’époque meurt sous leur politique (assassinés, épuisés à la tâche ou à cause de la famine et de la pénurie de médicaments). Les Cambodgiens que l’on peut rencontrer aujourd’hui ont tous perdus de la famille dans les événements. Le pays se reconstruit peu à peu.
Pour résumer les événements dans les grandes lignes :
Les tensions internationales
En 1953, la France perd la guerre d’Indochine et abandonne enfin ses colonies asiatiques (Vietnam, Cambodge et Laos).
En 1966, la guerre du Vietnam bat son plein. Le Cambodge refuse de prendre position mais le prince Cambodgien Sihanouk ne s’oppose pas à l’arrivée sur le territoire des troupes du Nord Vietnam (communistes) qui se servent des réserves et des chemins Cambodgiens pour ravitailler leurs troupes qui essaient de prendre possession du Sud Vietnam et de Saïgon. Ils pillent le sud Cambodge.
En 1970, le premier ministre du Cambodge, Lon Nol, leader de la droite dans le pays, profite que le prince Sihanouk est à Paris pour faire un pusch et le destituer. Le peuple (affamé et oppressé par les Vietnamiens) le suit majoritairement et le prince reste en exil à Pékin.
Lon Nol s’oppose alors ouvertement aux Vietnamiens. Il leur impose de quitter le territoire sous trois jours (tout en sachant ceci irréalisable) et s’allie avec les Etats-Unis, qui sont toujours en guerre au Vietnam pour empêcher l’expansion du communisme. Le rascisme anti-Vietnamien explose alors au Cambodge. La population va même jusqu’à assassiner quelques centaines de Vietnamiens résidents dans le pays.
Sihanouk, qui n’accepte pas de s’être fait trahir, décide quant à lui de rejoindre les rangs opposés et s’allie avec un groupe de rebelles Cambodgiens communistes, les Khmers Rouges (contre lesquels il s’opposait pourtant depuis de longues années). Au début, ils ne sont pas beaucoup. Le fait d’avoir Sihanouk en soutient permet de rallier certains Cambodgiens monarchistes (principalement ruraux) à leur cause.
Pendant ce temps, les Américains bombardent le Cambodge pour anéantir les ravitaillements Vietnamiens. Le Cambodge devient le pays le plus bombardé de l’histoire et leurs ressources sont détruites. Ceci a l’effet radicalement inverse à ce que souhaitaient les Etat-Unis : appauvris et affamés par les bombardements et déçus de la politique de Lon Nol, les Cambodgiens s’enrôlent en masse chez les Khmers Rouges, qui n’ont alors même pas encore de nom d’armée et sont uniquement nommés « l’Organisation » (Angkar).
L’essor des Khmers Rouges
En 1973, Les Khmers Rouges, dirigés par Pol Pot, prennent possession de Phnom Penh dans des combats inégaux avec une armée Cambodgienne désertée et appauvrie. Les Vietnamiens quittent le pays et les Etats-Unis se retirent également de la guerre du Vietnam en 1974. A ce moment l’idéologie du parti est de plus en plus extrême. Leur objectif est de « purifier » la population en interdisant toute forme d’inégalité, de bourgeoisie et de possession. C’est le début de la répression. Les soldats Khmers Rouges vident la capitale de ses habitants. Elle devient une ville-fantôme. Les citadins sont envoyés dans des « camps de rééducation » à la campagne. Ceux qui posent des questions ou s’y opposent sont simplement sommairement exécutés.
Naturellement, devenant bien plus puissants, l’Organisation (prenant alors le nom de « Parti communiste du Kampuchéa« ) arrête son alliance avec le prince Sihanouk, toujours en Chine. Les Khmers Rouges arrêtent et exécutent ses soutiens.
Quatre ans de massacres vont alors commencer. Les anciennes prisons datant de la guerre d’Indochine sont réutilisées, la propagande bat son plein, les habitants vivent sous la terreur. Le pays n’a plus de nourriture ni de médicament : la mortalité explose et la famine fait des ravages. Les soldats exécutent toute personne susceptible d’avoir été noble ou de venir d’une famille noble, ainsi que leur famille. Ils n’épargnent même pas les enfants. Pol Pot ne veut pas qu’en grandissant ils cherchent à venger leurs parents.
L’ONU n’intervient pas. La Chine et les USA souhaitent tous les deux laisser les Khmers Rouges au pouvoir et influencent l’organisation. Puisque les Vietnamiens sont les alliés de la Russie, ça ne les arrangerait pas qu’ils prennent possession du pays. Bref, les massacres se font dans l’inaction générale internationale.
Le conflit avec les Vietnamiens et la libération
Les Khmers Rouges sont de plus en plus ambitieux. Ils craignent de leur côté que les communistes Vietnamiens (qui règnent maintenant sur un Vietnam réunifié) s’imposent comme leaders de l’Asie du Sud-Est communiste. Ils essaient alors d’envahir leurs voisins pour prendre les devants, mais les Vietnamiens les repoussent. Ces derniers répondent en entrant à leur tour dans le territoire Cambodgien. Ils défont l’armée du Parti Communiste du Kampuchéa en 1978 et mettent les Khmers Rouges en fuite.
Le prince Sihanouk et les différents partis politiques Cambdogiens s’accordent alors dans un traité commun pour la paix défini sur la scène internationale. Les communistes sont d’abord intégrés à ce mouvement, puis jugés dangereux et coupables de crimes contre le pays, sont exclus des accords. Le Cambodge redevient une monarchie constitutionnelle en 1993 et Sihanouk retourne à la tête du pays, 33 ans après son éviction.
Notre itinéraire
Comme d’habitude, on n’a pas vraiment de plan précis. L’idée est de faire une boucle jusqu’à sortir par le nord du pays pour aller au Laos. A suivre…
Edit : retrouvez l’itinéraire final et le bilan de notre road trip au Cambodge dans l’article dédié.
Quelques blogs à lire sur le Cambodge :
– Asian Wanderlust : guides de voyage, avec un passage au Cambodge à moto.
– La fille voyage : blog de dessins et de récits (très bien écrit, d’ailleurs), incluant un voyage mère-fille au Cambodge.
Sri Lanka, Inde, Népal, Myanmar, Vietnam et Cambodge… Retrouvez ici le bilan et les anecdotes de nos 6 premiers mois de voyage en Asie !
12 réflexions au sujet de « Destination : Cambodge, entre temples mythiques et histoire sanglante »