Passer la frontière Cambodge-Laos à moto sans payer de bakchich

frontière Cambodge-Laos à moto

Au terme de notre mois de voyage au Cambodge, nous nous rendons à la frontière Cambodge-Laos à moto pour découvrir le septième pays de notre voyage.

SOMMAIRE D’ARTICLE


Une frontière compliquée…

Nous sommes bien stressés car cette frontière est réputée pour être la plus corrompue d’Asie. Normal, il n’y a qu’un passage entre les deux pays. Une étape obligée donc, et les douaniers le savent. Ils en profitent pour s’en mettre plein les poches en arnaquant les touristes de passage. Taxe d’entrée, de sortie, faux médecins avec prise de température payante, frais pour manquement de papiers divers et inutiles…

Comme tout voyageur qui doit passer par là, on est stressés d’avance. Passer une frontière en Asie du Sud-Est, c’est un peu comme se rendre à un examen sans être informés de ce qu’on devait réviser. Impossible de savoir ce qui va nous tomber dessus.


… et encore plus à moto

Mais ce qui nous angoisse le plus, c’est le passage à moto. En théorie, c’est légal et facile, surtout avec une plaque Vietnamienne. Mais ça c’est la théorie, parce que tout est bon pour taxer le touriste. Ça rajoute une appréhension et des complications.

Avant de partir, nous lisons les expériences d’autres voyageurs. Le blog de Pataia nous met un bon coup de stress : il y a deux mois ils ont tentés de passer la frontière à moto et se sont fait refuser l’accès. Au moins ils ont pu faire marche arrière et la revendre, ce qui n’est pas toujours le cas des autres témoignages que l’on trouve en ligne. Mon angoisse n°1 : que la moto soit saisie entre les deux frontières et que l’on doive continuer en bus. On se rassure en se disant que les auteurs du billet ont tentés en sens inverse, et que c’est le Cambodge qui a réellement posé soucis. En se renseignant un peu plus en ligne, on voit que les problèmes surviennent dans le sens « Laos-Cambodge ». On reprend donc un peu espoir.

Mais malgré notre stress, pas question non plus de se laisser faire et de payer des bakchich à tout va. On connaît nos droits et on compte bien les faire respecter. C’est certainement pas un mec qui gueule en uniforme qui nous fera céder, vindieu !


Chronologie de notre passage

7h15 : le réveil sonne

Ça pique un peu. On s’est dit qu’il serait mieux de passer la frontière le plus tôt possible, histoire que les douaniers ne soient pas encore lassés et qu’on passe avant les bus de touristes. Du coup, le réveil est très matinal.

7h45 : le départ est donné

On attache nos sacs à la moto et on part en quête d’un dernier café glacé Cambodgien. 10 minutes plus tard on sort de la ville et le trajet commence.

PS : c’est aussi à ce moment qu’on s’est rendus compte que le gérant de l’hotel a sûrement fait tomber la moto en la rentrant au garage la vieille. Le guidon est tordu et elle fait des bruits bizarres. Mais pas le temps de se préoccuper de ça pour le moment !

9h25 : on arrive enfin à la frontière

La route était chaotique. Tous les 100 mètres le béton s’arrêtait pour être remplacé par une piste de sable et de graviers qui nous forçait à ralentir. Mais on y est ! On nous indique où nous garer et on respire un bon coup. On est près à en découdre.

9h30 : on nous envoie au bureau de la douane

Nous on veut juste un tampon de sortie du territoire, mais l’agent nous indique le bureau de la douane pour « déclarer notre moto ». Il appelle son collègue qui nous ouvre le bureau.

Ce dernier nous demande la blue card de la moto (l’équivalent de la carte grise chez nous) et nos passeports. Il fait semblant de les regarder puis il nous dit qu’il faut lui payer 10$. C’est le coût du papier qui nous permettra d’entrer avec la moto au Laos.

On se regarde. On regarde le mec. Et Max répond : « I just have 60 dollars for our Lao’s VISA ». D’un coup, le mec s’énerve. Il se lève, nous indique la porte et nous assène de sortir. « If you don’t pay, I don’t help you. You can’t go to Lao with motorbike! » (à faire avec l’accent Cambodgien).

Son agressivité impulsive et très rapide nous met la puce à l’oreille. J’avoue ne pas faire la maline. Au début je me demande quand même si ce n’est pas vrai. J’ai entendu parler de documents à fournir aux frontières pour faire transiter des véhicules. Mais Max me fait remarquer que ça n’a aucun sens puisque l’on SORT du territoire…

Dans le doute, je demande au mec : « If we pay now, we won’t have to pay at the Lao’s border, right?« . Il me répond un magnifique : « huuun, I don’t know! ». Alors je lui ris au nez (oui, c’est pas un bon conseil mais j’ai eu du mal à garder mon calme) et il quitte le bâtiment en nous injuriant dans sa barbe.

9h40 : on retourne au premier guichet

Nous, leurs histoires de papier on s’en fout, on veut juste le tampon de sortie du territoire ! On retourne au guichet et cette fois l’agent prend nos passeports. On rempli les documents, lui donne le tout… Et il nous demande 2$ chacun. Pour quoi, nous laisser sortir du pays ?

Max répond simplement « no, stamp is free« . Il râle et refuse de faire quoi que ce soit. A ce moment, des locaux arrivent pour passer la frontière. Il s’occupe d’eux et nous ignore.

Moi je la joue « t’inquiète mec j’ai TOUT-MON-TEMPS ». Je sors mon carnet de voyage, mon stylo, je m’assoie et j’écris dessus en sirotant le reste de mon café frappé (en vrai il était un peu chaud et dégueulasse mais ça nous donnait une allure détendue et pas pressés). Je me paye même le luxe de siffloter discrètement des chansons guillerettes.

L’officier derrière son comptoir fait des bruits de bouche désapprobateurs de plus en plus fort. Mais en guerre psychologique je suis imbattable. On est prêt à passer la journée ici si il faut !

10h05 : il abandonne et tamponne nos passeports

Je l’avais dit. Imbattable. On dit « merci » en Cambodgien, on récupère le tout et on file bien vite sur la bécane. Un douanier est là mais il ne vérifie même pas nos tampons. On passe sans plus de soucis. Première étape : check !

PS : la seule vengeance des douaniers aura été de nous tamponner notre passeport n’importe où. Un tampon perdu au beau milieu d’une double page… Super… Surtout quand on sait qu’on risque d’être en rade de pages blanches… Mais c’est le prix de notre justice, baby !

10h10 : on arrive à la frontière du Laos

Potentiellement, c’est ici que ça peut se compliquer. On gare la moto devant le guichet et on va faire nos VISA. Et là, bonne surprise : les prix sont indiqués ! Ça va faciliter la discussion !

10h20 : on fini de remplir les papiers et on paye le VISA

À notre grand étonnement, on ne nous demande rien de plus que les 30$ par VISA réglementaires. Incroyable !

10h30 : on nous rend nos passeports, avec VISA et tampons

Maintenant qu’on a le saint Graal, reste la question de la moto. Au dessus du bureau d’à côté se trouve une plaque « déclaration de véhicule ». On hésite à s’y rendre. On ne veut pas passer en douce mais la moto est garée presque devant le guichet. S’il voulait qu’on la déclare il pouvait nous le demander…

Finalement on remonte sur la moto et on passe tout doucement devant le bureau. Personne ne nous arrête ou nous demande quoi que ce soit.

10h40 : on roule sur les routes Laotiennes en faisant la danse de la victoire

Ça ne nous aura pris qu’une heure et nous voilà sur le territoire, toujours au volant de notre Honda ! On n’a pas payé un centime de plus que ce que demande la loi, et on en est pas peu fiers !


Un sens plus simple que l’autre

Il est à noter que le passage de la frontière est surtout compliqué côté Cambodge. Je comprends l’enervement et le désespoir des voyageurs qui se font saisir leur moto par ces agents plus que malhonnêtes…

Du coup si vous prévoyez un road trip à moto en Asie du Sud-Est, pensez à le faire dans ce sens là ! Ce serait dommage de se séparer de son véhicule à mi chemin…

En tous cas cette anecdote signe la fin de notre voyage d’un mois au Cambodge. Le comportement des douaniers est à mille lieu de notre expérience dans le pays, où on a été noyés sous les sourires et les « hello » ! J’écrirais dans un dernier article nos impressions et nos coups de cœurs Cambodgiens. Mais en attendant, on va profiter des 4 000 îles Laotiennes !

frontière laos moto

9 réflexions au sujet de « Passer la frontière Cambodge-Laos à moto sans payer de bakchich »

  1. Merci de partager votre expérience ! Habitant au Cambodge, nous avons très envie d’aller au Laos en moto. On y voit déjà un peu plus clair !

  2. Bonjour,

    Pour information, vous devriez faire redescendre au consulat ou ambassade Cambodgienne dans votre pays vos déboires à la douane. Nous sommes les ambassadeurs des pays que l’on visites et du pays d’où l’on vient. La corruption par quelques fonctionnaires véreux ne doit pas être passée sous silence et aucun ternir l’mage du pays visité.

    Cordialement,

    Gilles

    1. Bonjour,
      C’est une bonne idée, mais malheureusement je pense que l’ambassade est bien au courant de la situation. On trouve pas mal d’articles sur le sujet sur les blogs d’ailleurs, avec des astuces et retours d’expérience pour passer cette étape sans souci. C’est totalement ancré dans le fonctionnement de l’endroit et les gouvernements des deux pays essaient d’y remédier. A voir comment ça évolue…

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