Comment j’ai raté mon permis en Nouvelle-Zélande

passer permis Nouvelle-Zélande

Avant de venir en Nouvelle-Zélande, je me suis lancée un défi ultime : profiter de mon PVT pour passer le permis. Moi qui n’avais jamais rien conduit d’autre qu’une voiture d’auto-école il y a plus de 10 ans et une moto Indienne, j’étais terrorisée. Mais cette première année de voyage m’avait appris à prendre confiance en moi et à lutter contre mes craintes. C’était l’occasion de m’y mettre.

Le lendemain de mon arrivée dans le pays, je me pointais à l’office AA (les centres des démarches administratives liées aux véhicules en NZ) pour la première épreuve, et dix minutes plus tard je pouvais conduire le van pour la première fois.

Seulement voilà : six mois et deux échecs plus tard, j’ai abandonné l’idée d’obtenir mon permis ici.

Persuadée que j’étais de finir par réussir, j’avais créé un brouillon d’article intitulé « Comment j’ai passé mon permis en Nouvelle-Zélande ». Cette semaine, j’ai donc voulu le supprimer. Effacer les traces de mon échec, en somme. Ce qui est raté n’est pas raconté. Et voilà.

Mais le voyage ne m’a pas seulement appris à me dépasser. Il m’a aussi appris à gérer mes échecs et mes déceptions, à les accepter plus sereinement. J’ai donc décider de conserver l’article et de le renommer « Comment j’ai raté mon permis en Nouvelle-Zélande ». Parce qu’il ne sert à rien de prétendre que tout se passe exactement comme prévu, de ne raconter que ce qui fonctionne parfaitement. Des fois, on rate. Ça arrive. Et les échecs sont aussi des histoires intéressantes, parfois plus riches que les succès.

Voici donc le récit de mon échec au permis néo-zélandais !

SOMMAIRE D’ARTICLE


Pourquoi passer son permis en NZ

Pourquoi ai-je choisi la NZ pour passer mon permis, plutôt que d’attendre mon retour en France ? Et bien parce qu’ici, le système est proche du système américain. Il suffit de passer l’épreuve du code de la route pour avoir le droit de conduire accompagné. De fait, on n’est pas obligé de payer des heures de conduite avec un prof, ce qui est le plus gros poste de dépense lorsque l’on veut passer son permis en France. Et le prix est effectivement imbattable ! Ici il faut compter 300 à 500 dollars pour le permis complet (environ 300 euros), contre 1200 en moyenne pour la France. En plus on peut prendre son temps, puisqu’on a le droit de conduire autant qu’on veut.

En revanche, il faut prévoir du temps sur place. Le permis se déroule en trois épreuves (le code, la première épreuve de conduite et l’épreuve finale). Chacune des épreuves doit être séparée d’un temps minimum qui dépend de l’âge du conducteur (un stage supplémentaire permet aussi de réduire la durée d’attente). Il me fallait donc au minimum 9 mois pour avoir mon permis complet. Or, un permis partiel n’est pas reconnu à l’international : si je voulais m’en servir en France, il fallait passer et réussir toutes les épreuves.

Nous avions donc adapté notre programme en prévoyant de rester 10 mois en NZ, pour me permettre de tenter ma chance. Et ça commence avec le premier test : celui du code de la route.


La première épreuve : le code

Entrainement

Etant donné le timing serré que j’avais pour passer toutes les épreuves, il fallait que je me prépare au code avant d’arriver dans le pays. Heureusement, le gouvernement néo-zélandais a créé une super application (gratuite) pour s’entraîner à l’épreuve. J’ai donc passé plusieurs heures à me tester sur différents quiz dans mes lits de dortoir Vietnamiens et Malaisiens. Certains quiz sont payants, mais j’ai tout fait avec les applications gratuites qui sont amplement suffisantes.

Quelques règles varient par rapport à la France (et il faut aussi s’habituer à la conduite à gauche), mais globalement l’examen est assez simple. La culture anglo-saxonne est très différente de la culture Française en ce qui concerne les examens. On ne cherche pas à nous piéger, à sortir l’exception précise qu’il faut connaitre pour avoir la bonne réponse. Ici on touche principalement au bon sens, ainsi qu’aux règles fondamentales de la conduite.

Il est important de s’y préparer quand même, notamment pour les termes anglais que l’on ne connait pas forcément de base (‘kerb’ pour le trottoir, ‘shoulder’ pour l’espace entre la route et le trottoir, ‘bonnet and boot’ pour le coffre et le capot, etc.). Il vaut mieux être à l’aise en anglais, histoire de bien comprendre le sens des questions.

N’oubliez pas de conduire à gauche, quand même…

Examen… à la cool

Une fois sur le territoire, il m’a suffit de me rendre à l’office AA le plus proche. Un formulaire, un test oculaire sommaire et 65 dollars plus tard, je me retrouvais en face d’un ordinateur, dans un coin de la salle.

Ah ben oui, on est loin de l’administration française, des rendez-vous plusieurs semaines à l’avance et de l’attente en groupe face à un projeteur commun… Derrière moi les clients continuent de défiler, et moi j’ai trente minutes pour répondre à 30 questions. J’ai le droit à 3 fautes maximum, sachant qu’après chacune de mes réponses, je vois immédiatement son résultat.

Les quinze premières questions passent sans faute, mais je commence à douter sur des histoires de tournage de roue face à la montée, ou je-ne-sais-quoi. Je fais finalement deux fautes, plus une troisième que j’interprète mal à cause de l’anglais. Mais ça passe, et je retourne au guichet immédiatement.

La dame me félicite et me tend un petit papier qui atteste que j’ai le droit de conduire tant que je suis accompagnée d’un conducteur ayant au moins deux ans d’expérience. Mon vrai permis arrivera dans la boite de mon auberge une semaine plus tard.


Six mois d’apprentissage

Me voilà donc avec un permis d’apprenti en poche. J’achète les deux stickers « L » à coller à l’arrière et à l’avant de mon van et voila que j’ai légalement le droit d’arpenter les routes néo-zélandaises.

C’est là que le « fun » commence. Comme je l’ai déjà écrit, conduire est une sacré angoisse que j’ai depuis longtemps. Max a donc dû s’improviser professeur et un poil thérapeute pour réussir à me faire avancer. Entre les crises de panique, les angoisses nocturnes et les quelques frayeurs sur la route (oui, c’est à vous que je parle, les camioneurs impatients qui grillent les feux et doublent par la gauche…), ça n’a pas toujours été facile. Mais au bout de cinq mois, je m’en sortais bien. J’avais surtout conduit en ville, à Christchurch. Nous sommes ensuite partis en road trip sur l’île du Sud et je me suis formée sur les routes de montagnes et les autoroutes.

À un mois de passer ma première épreuve de conduite (pour obtenir ma « restricted licence »), je décide donc de réserver une heure de cours avec un prof d’auto école afin de faire le point et me préparer à l’examen.


Heure de conduite avec un prof

Sur le site internet de AA, nous avons donc réservé une heure de conduite. Je pensais m’entraîner à conduire une voiture afin de tester les différences avec le van pour me préparer à l’examen.

Mais c’était sans compter une information qu’il me manquait : en Nouvelle-Zélande, on passe son permis avec son propre véhicule. Autrement dit, mon van. Le prof m’a donc expliqué plus en détail comment se déroulait l’épreuve, et j’ai quand même conduit une heure dans sa voiture.

Au final cette heure de cours était quand même une bonne idée. En m’expliquant les choses autrement et en me donnant quelques astuces, je me suis sentie plus à l’aise sur la route, y compris dans mon van. Pour 75 dollars, j’ai pu prendre en confiance et avoir des conseils de professionnel. Le prof m’a d’ailleurs confirmé que je connaissais déjà les points principaux à savoir et qu’il ne me restait qu’à continuer à m’entraîner jusqu’à la prochaine épreuve : la restricted licence.


Seconde épreuve : la restricted

C’est là que les choses se gâtèrent.

D’après Max, ma proba de succès touchait les 90%. Bon, il n’a jamais passé le permis ici, mais c’est pour dire qu’on était assez confiants (bien que très stressés). Il m’a fallu un coup d’œil à mon instructrice pour flipper bien comme il faut : je vois arriver la kiwi la plus austère et froide que je n’ai jamais vu. Elle me balance des instructions dans un débit incroyable avec un accent hors catégorie, le tout sans articuler. Quand je lui demande gentiment de répéter, elle s’agace un peu et réitère ses propos de la même façon.

Elle se rend ensuite compte que l’on va conduire un van : elle râle alors parce qu’elle n’a pas assez d’espace (il y a pourtant deux sièges passagers à l’avant de mon van, mais bon… elle prenait de la place, disons). Bref, ça ne me rassure pas du tout et je sens directement qu’elle ne va pas me faire de cadeau.


Déroulé de l’épreuve

Mais avant de raconter mes déboires, il me faut expliquer comment se déroule l’épreuve.

La restricted se devise en 3 étapes, pour un total d’une heure d’épreuve (c’est long…). Pendant les 10 premières minutes, l’instructeur vérifie la légalité et la fiabilité du véhicule (WOF, Rego, clignotants et klaxon). Une fois fait, la conduite en tant que telle commence.

Les 10 minutes suivantes sont consacrées à tester les aptitudes basiques du candidat. C’est aussi à ce moment que l’on va lui demander de faire un « reverse parallel park » (un créneau). Pour réussir cette manœuvre, il faut se garer derrière un véhicule en moins de deux minutes, en arrivant à trente centimètres ou moins du trottoir et sans jamais le toucher. Il faut savoir que les rues de NZ sont courbées aux abords des trottoirs (pour les évacuations d’eau) ce qui fait que la manœuvre est assez simple puisqu’il faut simplement laisser « glisser » le véhicule en orientant le volant correctement. Si la manœuvre est réussie, le candidat reprend la conduite pour les 40 minutes restantes et roule en ville selon les instructions de l’examinateur.

L’obtention du permis se fait alors selon un système d’erreur à ne pas faire. Si le candidat fait trois erreurs mineurs (insertion sur la mauvaise voie, conduite trop lente/trop rapide, mauvaise gestion du regard…) ou une erreur critique (faire caler le véhicule, toucher un trottoir ou un poteau, refuser une priorité…), il est éliminé. Sinon, il obtient le sésame.

En NZ, les voitures sont reines. Au piéton de céder le passage !

1er essai

Vu la tournure de l’article, vous aurez compris que ça ne s’est pas super bien passé pour moi.

Après avoir inspecté le véhicule, nous partons sur les routes de la ville. L’inspectrice me fait faire un créneau dès ma sortie du centre. Je le réussi sans soucis du premier coup et on repart. Jusque là, ok. Je me concentre un maximum pour comprendre ce qu’elle me demande de faire, parce que ce n’est pas toujours clair…

Travaux et vitesse

Après avoir tourné pendant 20 minutes en ville sans avoir spécialement de choses à signaler, elle me fait prendre le chemin de l’autoroute. Je vois le panneau limité à 100 km/h (le maximum en NZ), mais sur le bord de la route il y a des travaux. Il faut savoir que les autoroutes en NZ, ça n’a rien à voir avec la France. Ce sont juste des routes normales, à double sens avec une seul voie par sens. C’est juste qu’elles sont en ligne droite et sont limitées à 100. Bref.

Je vois les travaux sur le bas-côté ainsi que les panneaux qui indiquent de faire attention. Mais aucune limitation de vitesse. Du coup je suis prise d’un doute : je me souviens qu’en France, un panneau « travaux » implique une réduction de la vitesse maximum autorisée. Au lieu d’aller à 100, je me mets donc à 70.

Mais je sens mon instructrice qui s’agace. Au bout d’une minute, elle me lance : tu as vu le camion derrière toi ? Je lui répond que oui, mais qu’il y a une zone de travaux. Réponse : « et alors ? Si on te demande pas, tu ne ralentis pas. Les camionneurs sont pressés je te signale. » J’essai de faire un trait d’humour et lui dis : « oui, je sais qu’ils détestent ça quand on est trop lent, avec le van je me fais souvent engueuler, haha… ». Elle me répond : « c’est pas qu’ils aiment pas. C’est qu’ils travaillent, ils ont pas le temps pour ça, hein ! ». Ah. D’accord. Bref, première erreur.

On fini de conduire dans cette super ambiance et j’arrive au centre d’instruction. Vue son attitude, je me dis que ce n’est pas gagné, même si je ne sais pas vraiment ce que j’ai fait de mal.

Voies de train

Et là elle m’annonce que j’ai bien conduit, mes retros sont nickel, je n’ai pas fait d’erreur majeure… mais je n’ai pas mon permis. J’ai fais trois fautes. D’abord, celle de la vitesse décrite plus haut. Et ensuite, elle me dit qu’elle m’a fait passer par un passage de voie de train. Dans le code, c’est indiqué que ces passages ont des lumières et des sons qui préviennent quand un train approche, même s’il faut toujours vérifier au cas-ou. Sauf que le passage que j’ai pris était juste derrière un feu, et que j’ai regardé machinalement sans faire de « vraie » vérification. J’ignorais que c’était une erreur. My bad. Sauf qu’elle m’a fait passer deux fois à l’exact même endroit. Et elle a noté deux fois la même erreur.

VOILA, ÉLIMINÉE.


2ème essai

Après ce premier échec, je suis dégoûtée. Mais Max arrive à me remonter pour que je le retente. Il écume tous les centres de conduite de l’île du sud, déterminé à me trouver une date le plus rapidement possible.

Et il y arrive. Trois jours plus tard, je me retrouve donc à retenter l’épreuve. On prend une nouvelle journée off et on traverse une bonne partie de l’île pour rejoindre la ville en question.

Cette fois, l’instructrice est bien plus gentille. Elle prend le temps de m’expliquer comment l’épreuve va se passer et s’installe confortablement. Après vérification du véhicule, nous partons rouler en ville.

Cette seconde épreuve sera encore plus décevante que la première. Alors que je me trouve à une intersection (où je n’ai pas la priorité), l’instructrice me demande de tourner à droite. La voie est libre à ma gauche, mais une voiture arrive sur la route où je veux m’insérer. Vu sa vitesse, je me dis que je vais passer après elle. Une fois qu’elle est suffisamment proche de l’intersection, je démarre, prête à m’insérer juste derrière. Sauf qu’au dernier moment, la voiture en question change de voie et coupe l’intersection pour emprunter le rue sur laquelle je suis (il veut passer à ma droite, quoi). Sauf que comme elle n’a pas indiquée ni ralenti, j’avais démarré. Et en me coupant la voie, on risquait la collision. Voyant cela, je pile immédiatement. C’était évidement ce qu’il fallait faire. Sauf qu’au même moment, l’instructrice crie : STOP! C’est ce que je faisais déjà, mais dans le doute elle est intervenue (ce que je comprends).

Sauf que dans la règle de l’examen, si l’instructeur intervient c’est un échec automatique du candidat. Me voilà donc à revenir au bercail après moins de dix minutes de conduite. L’instructrice semble désolée pour moi. Elle me dit de revenir dans la semaine et de le retenter. Mais j’en ai ma claque.


Déception et abandon

Ce deuxième échec aura eu raison de moi. J’avais traversé l’île, fait perdre une journée de boulot à Max et avait payé l’équivalent d’une journée d’élagage de pommier pour finalement repartir bredouille après 10 minutes de conduite.

Au delà de ça, je n’ai pas abandonné parce que je ne voulais plus passer l’épreuve. En vérité, on hésitait à quitter la Nouvelle-Zélande plus tôt que prévu. On avait vraiment envie de voir autre chose et on saturait clairement de notre expérience dans le pays (pour différentes raisons, donc certaines sont expliquées ici). Or, je n’aurai pas pu passer la dernière épreuve avant au moins trois mois à partir de la date d’obtention de la seconde. Chaque échec décalait donc notre départ. Si Max était prêt à attendre, juste pour me voir aller au bout de mon objectif, je ne me sentais pas de nous obliger à rester dans le pays.

D’ailleurs, il était préférable pour nous de partir en février plutôt qu’en avril. Ça nous permettait de vendre nos deux vans dans une meilleure saison. Mais ça, c’est une autre histoire !


Le permis NZ en bref

Malgré mon échec, passer son permis en Nouvelle-Zélande reste une super idée : c’est économique, administrativement facile et bien plus souple qu’en France. Il faut juste respecter quelques conditions :

  • Etre accompagné d’un possesseur de permis de plus de deux ans (si c’est un étranger, il faut qu’il fasse convertir son permis local en permis kiwi. Ça se fait rapidement et c’est super pratique)
  • Avoir plus de 9 mois de temps prévu sur place (si vous avez plus de 25 ans) ou 1 an et demi sinon. Prévoir une marge d’échec !
  • Avoir un véhicule de catégorie A (équivalent à catégorie B chez nous) : voiture, break, van…

J’espère que mon article sera utile à de futurs kiwi drivers. Il existe des informations en ligne mais peu de témoignages (surtout en français). Donc ceci devrait vous aider.

Au final, j’essai de prendre du recul sur cette expérience. J’ai beaucoup moins peur en voiture qu’avant car la conduite me semble moins mystique et mystérieuse (je pense quand même que c’est du vaudou, mais au moins je sais ce que fais le conducteur). Ça n’a pas été vraiment inutile. Bien sur, j’aurai rêvé que le permis ne soit qu’une histoire ancienne, que je n’ai plus à m’en préoccuper. Mais c’est comme ça… Peut-être que je le tenterai en candidat libre 🙂

A lire sur le permis en Nouvelle-Zélande :

« Conduire en Nouvelle-Zélande : le permis Néo-Zélandais » (My Little Kiwi)

« Conduire en Nouvelle-Zélande : 17 règles à respecter » (Kump Around The World)

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